Discipulat
Situation de l’église en Afrique
L’importante croissance de l’église en Afrique fait aujourd’hui la fierté du christianisme dans le monde. En à peine un siècle, des régions qui jadis ne connaissaient aucune présence chrétienne, comptent aujourd’hui de grandes églises. Certains pays sont passés, en cent ans, de près de 0% à plus de 70 % de chrétiens. (L’exemple de la RCA avec 71,4% de chrétiens, le Burundi est à 93.4% de chrétiens, Rwanda 89% de chrétiens, le Kenya 80% de chrétiens, la RDC 91.7% de chrétiens cf. https://joshuaproject.net/countries/CT) On parle même aujourd’hui de l’Afrique comme étant l’avenir du christianisme mondial, car le zèle de ses chrétiens pour annoncer l’évangile y est visible partout. Cependant une question importante demeure : ceux qui remplissent les églises sont-ils véritablement établis dans la foi ?
Cette question nous donne matière à réfléchir au regard des faiblesses de l’Église en Afrique. L’attitude des chrétiens et des responsables au cours des conflits tribaux dans les églises et leurs conséquences sur la fraternité basée sur l’amour du Christ sont inquiétantes. Nous pouvons aussi mentionner le faible impact des chrétiens dans les sociétés qu’ils habitent. Même dans un pays considéré à majorité chrétien, l’influence positive des chrétiens sur la société ne se fait que trop peu sentir. La présence des chrétiens dans nos administrations ne freine pas la corruption qui est une vraie gangrène sociale. Sont encore trop nombreux les chrétiens, voire même les leaders de nos églises qui ont encore recours aux féticheurs et aux marabouts pour se protéger ou pour régler un problème. Il semblerait même que certains leaders d’églises pactisent avec des forces occultes afin d’être capables d’opérer des miracles et d’attirer
des foules dans leurs assemblées. Quelle est donc la source de ce dysfonctionnement?
Plusieurs causes peuvent expliquer ces manquements que nous constatons :
La première cause profonde que nous pouvons évoquer est le déficit réel constaté dans le processus de la formation des disciples. Les programmes d’affermissement où les fondements de la vie chrétienne sont enseignés font défaut. Et quand bien même ces programmes existent, les fidèles ne les fréquentent pas et ne s’y intéressent pas.
Nos églises sont remplies de gens en quête de bénédictions et non de disciples à la recherche d’une vie transformée à l’image du Seigneur.
Que faire ?
Ces constats appellent à la vigilance et non à un esprit de condamnation. Nous avons le devoir de trouver une solution à ces problèmes. Dans notre contexte actuel, il est nécessaire , de plonger nos regards dans la Parole de Dieu pour réapprendre comment devenir un disciple du Christ, tout en continuant d’améliorer nos approches classiques d’évangélisation. La solution à la superficialité de la foi chrétienne réside en effet dans un ancrage biblique profond. Nos programmes d’évangélisation doivent intégrer le discipulat dès leur racine pour que les convertis deviennent des suiveurs du Christ modelés par lui; c’est là la mission de l’Église et des églises locales (Matthieu 28.18-20).
Définition
Étymologiquement, le mot français disciple vient du latin « discipulus » qui veut dire : « élève, personne qui reçoit un enseignement ».
Le dictionnaire Larousse donne une bonne base de la notion: le disciple est une « personne qui reçoit l’enseignement d’un maître, fait partie de son école ; élève. Personne qui suit l’exemple de quelqu’un qu’il considère comme son maître à penser, qui adhère à une doctrine, une conception, etc. ; partisan, fidèle, adepte ». (Disciple in Dictionnaire le petit LAROUSSE)
Appliqué aux disciples de Jésus-Christ, le Larousse indique que « chacun des 12 apôtres de Jésus-Christ est son disciple. Ce nom est donné aussi à ceux et à celles qui le suivaient et l’aidaient et auxquels il confia des missions temporaires d’évangélisation (70 ou 72). Il désigne également les premiers chrétiens et les chrétiens fervents. » (le petit LAROUSSE)
Pour William MACDONALD, « Le disciple est un étudiant, un apprenti. La formation du disciple est le processus par lequel un maître inculque à un étudiant sa doctrine et sa pratique » (William MACDONALD, ABC du disciple, Romanel sur Lausanne, éd. La maison de la Bible, 2006, p. 15). Le texte de Marc 3.14-15 traduit bien le processus de formation de disciple de Jésus : il prit les 12 pour les avoir avec lui, les transformer et les envoyer annoncer l’Évangile. Paul, dans le même ordre d’idée, instruit et fait de Timothée, son fils dans la foi, un disciple en l’ayant auprès de lui, pour transmettre ce qu’il a entendu de lui à d’autres chrétiens fidèles (2 Timothée 2.2).
En résumé, le discipulat vise à transformer le chrétien à l’image du Christ à travers une relation d’apprentissage avec le Maître. Le disciple entre dans une vie de relation avec son maître, qu’il suit de tout son cœur et ce par amour. Il est ainsi transformé pour atteindre la stature parfaite du Christ. Le disciple est appelé à faire d’autres disciples du Christ.
Discipulat dans les cultures africaines
L’idée du discipulat n’est pas étrangère aux cultures africaines. Le principe d’un disciple fidèle à son maître et assidu dans l’apprentissage est universel. L’apprentissage se fait à travers la relation et touche non seulement la technique, mais aussi la personnalité et le comportement social du disciple.
Dans les cultures qui perpétuent la pratique de l’initiation, cette formation se fait concrètement à l’initiation, qui est définie comme un rite de passage d’un état à un autre. L’initiation peut ressembler à une école où l’on apprend les valeurs du groupe, où se construit et où se bâtit la personnalité, où l’on apprend un métier et où l’on fraternise. Les initiés sortent de leur formation avec une nouvelle identité et de nouvelles habiletés.
En revanche, les milieux culturels qui ne pratiquent plus l’initiation transmettent ces mêmes valeurs du groupe dans diverses sessions de construction de l’identité sociale et fonctionnelle. Le principe d’un maître formant ses disciples est perceptible dans l’exemple du chasseur qui forme des nouveaux apprentis chasseurs. Ces derniers sont initiés aux techniques de chasse, à l’endurance et au courage. Dans un autre exemple, les guérisseurs traditionnels sont en général très pointilleux dans le choix de leurs apprentis et ne leur livrent ses secrets qu’après s’être assurés qu’ils ont devant eux de bons disciples.
Importance du discipulat
La formation des disciples doit être au cœur des activités de l’église car c’est le cadre que nous a donné le Seigneur lui-même pour affermir la foi des chrétiens qu’elle accueille. L’objectif poursuivi par TEN-RTF est de former les leaders afin qu’ils fassent de leurs églises un endroit où les fidèles deviennent des chrétiens matures pour transformer l’église et la société par l’Évangile du Christ.
Cette série sur le discipulat vise à former les responsables, afin qu’à travers de leur ministère, les membres de leurs églises deviennent des chrétiens adultes à la stature du Christ. C’est ainsi que les chrétiens pourront vivre une foi agissante qui interpelle, et reflète une vie qui fait la différence et qui glorifie Dieu (Éphésiens 4.11-16).
Les sujets à traiter dans le module discipulat
Les thèmes suivants seront étudiés dans ce module :
- Le discipulat dans la vision (ou plan) de Dieu ;
- Le disciple dans la Bible ;
- Le ministère pastoral et le discipulat ;
- Le Dieu trinitaire et le disciple ;
- Le disciple, imitateur du Christ ;
- Les obstacles au discipulat ;
- Le disciple et l’exercice à la piété : lecture, prière, etc. ;
- L’engagement du disciple dans l’église.
